11.10.11

L'art de cuisiner au milieu des requins


Ce n'est une nouvelle pour personne, je travaille dans un milieu extrêmement concurrentiel.
Louvoyer entre les écueils y est une question de survie. Mais une fois les tempêtes passées, et les navigations sans repères maîtrisées, je tombe - rarement - sur de bonnes surprises et découvre (et fait découvrir) des territoires encore inconnus. 
Reste un problème de taille : la faune parmi laquelle je suis en immersion. J'ai beau me battre, tenter de comprendre, je reste toujours perplexe face à ces requins nageant de conserve, suivant le courant marin sans se poser de question si ce n'est celle de chercher les charognes les plus fraîches pour s'en repaître, en groupe. Et, toujours, je ne peux m'empêcher de contempler avec un recul presque scientifique cette extase frénétique à la première goutte de sang versée, ces attaques furieuses, mâchoire en avant pour défendre un cadavre déjà exploité par tous. Parfois, je me demande vraiment ce que je fais là. Ne me reste alors qu'à nager droit devant moi, en me disant, qu'un jour, oui, un jour, je tomberai sur des tortues marines ou des pélicans qui me feront voir mon petit récif professionnel d'un autre oeil. Ou au minimum, qui sauront cuisiner la viande boucanée de façon à en faire de la grande cuisine. Parce que là, honnêtement, les recettes de base, on doit être deux à les maîtriser....

2 commentaires:

E a dit…

Belle métaphore filée mademoiselle le cabillaud. La morue souhaiterait vous inviter à manger des petits biscuits et boire le thé chez elle.

Puceron Zélé a dit…

Ton billet est excellent et reflète si bien notre société.