Non, ce n'est pas un billet sur les cuites que je n'ai jamais eu.
Juste une réaction à une lecture de blog. Depuis plus d'un an, je lis les petites chroniques de Caroline. Il y a deux jours, elle a évoqué les moments difficiles que l'on peut passer quand on est ado ou enfant, et qu'on est un peu différent. Beaucoup de commentaires parlaient de la nécessité de passer outre, voire de pardonner. D'autres non. Je suis plutôt d'accord avec les derniers. J'explique.
Quand j'étais au collège, j'étais l'intello première de la classe et un peu grande gueule. Extérieurement, il ne semblait pas y avoir de problèmes. J'avais une bande de copains. De copines aussi. Que je devais écouter, parce que "toi, tu sais vraiment écouter les gens." Que je devais brancher avec les mecs, "parce que toi, ils t'écoutent". J'ai branché "ma meilleure amie" de l'époque avec le garçon sur lequel je craquais. Oui, elle le savait. J'ai caché ses abus de boissons du mercredi après-midi. J'ai caché leurs fumettes et autres essais chimiques hasardeux. J'ai assumé tout ce petit monde. Sans me demander comment moi, je pouvais aller. Ce n'était pas intéressant, puisque de toute façon, tout le monde s'en moquait. Bref, cette magnifique jeune fille s'est fait la malle avec un brillant garçon à la fin du collège. Elle a eu la bonne idée de se barrer une semaine avant notre entrée au lycée. Dans une petite ville tout se sait. J'ai adoré cette rentrée de seconde. J'ai eu la chance de voir toute ma vie privée (courriers, journaux de correspondance, etc.) étalés sur une table du commissariat avec des commentaires et des questions sur chaque personne mentionnée dans nos lettres. Depuis, je n'écris plus à mes amis.
J'ai continué à assumer mes choix. J'avais pris une option scientifique, mes rares copines une option littéraire. J'ai entendu des reproches pendant trois ans : ce n'est pas parce que j'étais en science que j'étais la meilleure. Oui, je n'ai jamais prétendu le contraire loin de là. Et dans ma classe de joyeux matheux occupés à programmer leurs TI90 et des poussières, j'ai eu la chance d'avoir de judicieux conseils et réflexions sur l'inutilité de la lecture en cursus scientifique. Jusqu'en Terminale S. Je suis passée de "la meilleure de la classe", à "celle qui a des sales notes et qui lit". Y compris aux yeux de profs très pédagogues qui ne se sont jamais demandé comment j'avais pu passé de 15 à 2 en moins d'un an. Non, c'était évident, je ne travaillais pas assez, à me coucher à minuit, presque tous les soirs. Quand j'ai repiqué dans un autre lycée, seules deux personnes ont gardé contact.
Et je ne parle pas de tous les commentaires sur mon physique, et du nombre de "copines", dont j'ai du assumer les conneries, les coucheries, les saloperies, les dépressions, sans aucun retour.
Juste pour écrire, que personnellement, je ne pense pas avoir la force de pardonner à ces gens. Je n'ai gardé que quelques contacts du collège et du lycée, que je compte sur les doigts d'une demie main. Ceux-là, je les aime, et serai le plus possible auprès d'eux. Les autres, si j'ai l'occasion de leur faire une crasse, je n'hésiterai pas. Je sais, ce n'est pas politiquement correct. Comme dit le proverbe "assied-toi au bord de la rivière, et tu verras le cadavre de ton ennemi passer." C'est déjà le cas pour certains, ou peu s'en faut. Mais si je peux aider les autres à tomber dans la rivière, je ne me gênerai pas.
Parce que les adultes qui auraient dû m'aider ne l'ont pas fait, vu que je n'étais pas "une fille à problème". Parce que quand je repense à certains événements, je prie pour que mes enfants ne connaissent jamais ça. Je suis contente de la vie que je mène aujourd'hui. J'ai appris à me protéger des ces personnes, à les repérer de très loin. J'ai appris à relativiser, à soigner mes quelques écorchures, ou tout du moins à les protéger du monde. Je suis amoureuse, j'ai des amis fidèles, une famille qui me soutient, un boulot qui me plaît même si je ne suis pas salariée, un endroit où dormir.
Mais cette souffrance, dûe à des connards d'ado et d'adultes, même si elle a fait de moi ce que je suis aujourd'hui, me poursuit parfois encore. Et me bloque mentalement et physiquement. Non, je n'ai toujours pas digéré ma honte. Ni mon manque de confiance conséquent.
Alors non, ces gens ne mérite pas mon pardon, encore moins ma pitié. Et oui, j'assume ma jouissance à les voir flotter très difficilement dans le torrent qui s'éloigne.
3 commentaires:
une seule chose à dire à ces abrutis: FUCK OFF !
rock la comète ! rock !
:-( Tout comme Elsa ! Et des bisous, des bisous ! Cathia
Yeah, Rock and Roll Girls!
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