20.4.08

" Je réclame la liberté à grand cri..."


Je suis allée vendredi matin au musée Rodin. Un copain avait récupéré des places pour la rétrospective de Camille Claudel. Et moi, Camille, je la kiffe grave depuis des lustres, pour rester explicite... Donc quand il m'a proposé de l'accompagner, je lui ai limite sauté au cou. 
Quand nous sommes arrivés au musée, peu après l'ouverture, il y avait déjà pas mal de monde (merci les vacances). Mais grâce à la merveilleuse invention des billets coupe file, nous n'avons dû patienter que cinq minutes avant de rentrer dans la première salle.
 Nous commençons par quelques bustes, dont un de Paul, encore adolescent. Les croquis exposés en parallèle sont magnifiques, tout en ombres et lumières, sans un seul trait fixe. J'admire les dessins de sculpteurs. Toujours aussi précis, toujours en mouvements et volumes. Ils sont souvent bien meilleurs attrapeurs de lumière que les peintres. Nous avons donc passé un petit quart d'heure dans cette salle à essayer de comprendre comment une simple fossette pouvait modifier tout un visage. 
Il y avait aussi un portrait de "Monsieur Rodin". Rêveur et terrifiant. Le dessin qu'elle a fait de ses yeux me hante encore...
Nous passons ensuite dans la salle suivante. J'écarquille les yeux, le souffle coupé. Ils m'attendent, en dansant : 



J'aimerais être poète pour pouvoir écrire ce qu'ils remuent en moi. Cet équilibre instable, ce mouvement immobile, ces corps s'enveloppant, se confondant l'un et l'autre... je suis encore fascinée, même devant une simple photo. Mes voltigeurs vertigineux. Mon couple d'amoureux, l'allégorie de la vie. C'était l'une des trois raison de mon déplacement. (La Valse, 1890, première expo au salon de 1893).   Non loin d'eux, la deuxième raison : 



Clotho, l'une des Parques. La vieillesse incarnée. Ses cheveux : les fils des destinées qu'elle tisse. Je ne m'y connais pas assez dans les techniques artistiques pour pouvoir évoquer correctement la façon dont elle est faite. Mais la remarque (qui se veut comique) du copain qui était là résume à elle seule la sculpture : " oh, t'as vu la vieille peau?! ". Oui, justement, et c'est ce qui est magnifique. Elle n'est plus en pierre. On voit dans son regard compatissant et sage qu'elle a vécu des milliers d'années. On a envie de lui parler, d'entendre les histoires qu'elle a entre les mains et les yeux. (Clotho, présentée au salon de 1893, en même temps que La Valse... bel oxymore.)
Dans la même salle trône, un peu en arrière plan, la  gigantesque sculpture de deux amants, troisième raison de ma visite : 


Sakountala, ou les retrouvailles de la princesse hindoue et de son amour le prince Douchanta   après de nombreuses épreuves et la mort. Les études préliminaires plus petite en marbre porte le nom de Vertumne et Pomone, ou  L'Abandon. Tout est dit. 
Passage dans la salle suivante après avoir scotché devant de nombreuses autres sculptures. tellement de choses à voir que je ne sais pas lesquelles vous montrez ni vous raconter. je vous mets donc un petit échantillon de mes préférées :

   
La Vague, d'après l'estampe d'Hokusai

L'Age mur

Profonde pensée

Les causeuses

Je vous encourage seulement à aller à l'expo qui se tient jusqu'au 15 juillet, ou à foncer au musée le plus proche de chez vous qui possède des sculptures de ce génie. Il faut les voir, l'émotion n'en est que plus forte, et les jeux de lumière ne peuvent être rendus par quelques simples photos en deux dimensions. Et pour revenir à Paul Claudel dont je parlais hier, je tiens juste à préciser qu'il a laissé cette femme en asile d'aliénés de 1913 à 1943 alors qu'elle ne demandait qu'à sortir comme en témoignent ces nombreuses lettres. Je ne juge pas. Je me demande juste de quoi il avait peur. Son indépendance d'esprit exceptionnelle pour une femme de l'époque ou son génie artistique? Peut-être juste la concurrence... La revanche est douce , car lorsqu'on parle de Claudel au grand  public aujourd'hui, la référence va tout de suite vers Camille...

p. s. : Quant à Rodin... sans commentaire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

merci
valerie

la comète a dit…

oui, merci au talent de Camille :) (et merci pour le commentaire :) )